Il me semble avoir lu de François Mauriac, que les liens qui nous unissent à une maison, à un jardin sont du même ressort que ceux de l'amour. Je ne saurais désavouer des propos si vrais et si tangibles.
C'est à Conteval, où je suis né, que je dois les primes émotions et les éléments indispensables à la construction de ce que je suis aujourd'hui.
C'est là, qu'entouré de proches bruyants et forts vivants, nous avons goûté aux joies de la cabane dans les feuilles, aux sensations jouissives de contrôler le cours des eaux par la construction d'un modeste barrage d'argile qui nous rendait tous à la maison effroyablement boueux et déraisonnablement fiers.
Décrassés et couchés, nos rêves faisaient le lit des projets fabuleux du lendemain, de l'édification d'une inexpugnable forteresse de pavés et de terre, du creusement d'une minuscule mare que nous pensions océan ,et d'un port d'où embarquaient pêle-mêle sur une vétuste périssoire, amis confiants et projets de voyages éxotiques.
C'est dans ce terreau fécond, que nous avons alors inconsciemment plongé nos racines, dans cette jungle inextricable, qu'était alors le parc que nous avons, sans calcul, placé tous nos repères - voir le plan des parcs Disneyland Paris.
Puis le temps a passé, l'âge avançant sonna l'heure du départ, nos activités bucoliques et nos rêves s'élimèrent au contact d'une société où tout s'achète et tout se vend. Une immense lassitude, résultat de la compagnie, l'air nous manquait et nos pensées nous ramenaient sans cesse à la campagne, rêvant d'une thébaïde raffinée, d'un désert confortable, à une arche immobile et tiède où nous réfugier... Conteval n'était plus loin... Il était temps de regagner la rive...
Mais ces lieux enchantés avaient bien changé, et probablement avant tout, notre regard sur les choses, le foullis végétal qui faisait nos délices et abritait nos aventures, résultat de décennies d'abandon, nous parut insupportable, ne nous correspondait plus...
Armés de faux, de scies et de serpes, volontaires et enrégimentés, nous entamions un dur combat contre les broussailles, les ronces et les sureaux. Deux années plus qu'actives "suffirent" pour en venir à bout. Une partie de la structure ancienne du parc se laissait relire, mais l'autre restait pour le moins énigmatique...
C'est là, qu'en soutien des efforts continus, intervint l'aide des proches qui me sont aujourd'hui une vraie famille. Qui fouillant inlassablement les archives à la recherche de descriptions et de plans, les autres transpirant sang et eaux à maçonner des pierres, taillant des haies, en bûcheronnant avec vigueur, jardinant les camélias, ceux bénissant l'eau d'arrosage des plantes en été et perçant le sol glacé pour installer des arbres en hiver ou encore celle accumulant des données distribuées au compte-gouttes pour vous offrir ce site, il y a peu encore, improbable...
Ils se reconnaîtront ici... Et c'est leurs énergies conjuguées qui nous amènent à penser que la résurrection du parc de Conteval n'est plus un rêve pieux, mais une merveilleuse aventure humaine, pour laquelle il est toujours temps d'embarquer sur le grand vaisseau des "amis des château, parc et jardins de Conteval", pour voguer loin et emporter avec nous, pour l'avenir, les anciennes histoires, grands projets, belles aventures et ... la merveilleuse Nature.
Sébastien Hoyer, propriétaire des lieux
CONTEVAL :
Parc, créé à la fin du XVIII ème siècle, sur une importante parcelle du domaine royale, aliéné par le Roi LOUIS XVI, au profit des Frères DELPORTE sur le plan du Baron de COURSET, auteur du "Botaniste cultivateur" paru en 1802 puis en 1811 en 7 volumes.
Pionniers de l'acclimatation des plantes exotiques et tenant du jardin naturaliste dit "à l'anglaise", ils firent un parc très ouvert aux perspectives guidant la vue jusqu'aux confins du Calaisis.
Agrandi au XIXème siècle et aménagé par Eugène HOULET de Boulogne, disciple d' Edouard ANDRE et jardinier du Baron de ROTHSCHILD au chateau de LAVERSINE.
Cette histoire, qui se déroule à la fin du XVIIIe siècle, dans l’agreste Boulonnais, est d’abord celle d’une destinée humaine entraînée dans un tourbillon, ascensionnel et soutenu, depuis le pieds du Mont-Hulin jusqu’aux lisières entamées – et bien entamées d’ailleurs – de la forêt de Boulogne, alors forêt du roi.
Dans les étapes de sa genèse, le récit est comparable à celui de Perrette et du pot au lait, mais c’est bien la seule similitude. Son dénouement heureux ne tarde pas à démentir la morale du grand fabuliste. À la différence de Perrette, en effet, François ne trébuche pas, bien au contraire. M. Delporte entreprend et réussit et lorsque le temps vient pour lui de passer la main, « Delporte frères », ses fils, comme un seul homme, prennent la relève et entreprennent et réussissent à leur tour. Mais les coups de clairon répétés de leurs prouesses avivent les plus sourdes jalousies. Toujours latentes lorsque éclate la Révolution, elles trouvent, dans cette période de remise en cause générale, un terreau fertile pour les révéler au grand jour. Cependant, sans rien céder, « Delporte frères » combattent leurs détracteurs et échappent au pire. Après la Terreur, ils retrouvent progressivement leur place enviée.
Issu d’une famille de laboureurs, elle-même descendante de tant de vieux noms du pays, François Delporte, né à Saint-Martin-Choquel en 1707, épouse la fille du propriétaire d’un bien attenant à la forêt du roi, à Conteville, et, précisément, débute dans la vie en tant que commis des adjudications des coupes de cette forêt. Bien après, on rapporta, non sans malice, que « dans peu de temps il trouva lui-même le secret d’être marchand de bois et de s’établir en la basse ville de Boulogne… »
Quoi qu’il en soit, maintenant le pied à l’étrier, François Delporte innove ; sa botte secrète ! C’est tout d’abord la production du savon noir qui l’inspire. Fabriqué ailleurs jusqu’en çà, il va maîtriser progressivement la chaîne complète : l’achat de terrains pour la culture de la graine, la construction d’un moulin pour la moudre… Puis vient le temps du savon blanc de Marseille et, enfin et surtout, celui de la grande affaire des moutons. Au début, il louera les terrains pour les faire paître, ces fameux moutons d’origine anglaise qu’il avait fait sortir clandestinement de leur pays. C’est qu’en France nous avions quelques lacunes à combler, pour ne pas dire de gros progrès à faire, dans l’élevage des ovins et il y avait, là encore, matière à innover aussi bien dans la qualité de la laine que dans son peignage et son tissage. À force de peine, François Delporte parvint à fabriquer des étoffes tricotées d’une qualité et d’une beauté égales à celles de l’Angleterre. Voilà qui méritait haute récompense. Elle vint, en décembre 1776, du roi Louis XVI lui-même qui constatait que François Delporte avait « enlevé aux Anglois, une branche de commerce qui faisoit sortir des sommes considérables »du royaume. Cette récompense n’est autre que son anoblissement et celui de ses fils.
Messire François Delporte allait-il en rester là ? Point du tout ! Trop encouragé par ces succès, ces reconnaissances, il se sentait pousser des ailes, et en particulier, était déterminé à entreprendre l’élevage à grande échelle. Mais, pour ce faire, il fallait des terrains conséquents qu’il ne possédait pas. Personne ne doute, un seul instant, qu’il les acquerra avec son habilité coutumière, amplifiée par celle de ses fils.
François Delporte vérifie, une fois encore, qu’on ne risque jamais rien à essayer, si ce n’est de réussir, en sachant, à la vérité, se ménager les appuis politiques nécessaires. En 1779, un arrêt du Conseil d’état lui accorde la concession de quatre cents arpents (deux cent trente hectares environ s’il s’agit d’arpents des eaux et forêts) au triage de la Blanque-Glaud, dans la forêt du roi – le domaine public ! –, passant outre la protestation des administrateurs concernés qui prétendaient, avec raison, que « le roi perdroit un revenu de 3 100 livres… » Si les Delporte avaient déjà stimulé bien des jalousies à Boulogne, désormais la campagne allait, elle aussi, se montrer hostile à leur égard. Cette amputation réduisait, en effet, le droit de parcours pour les habitants des paroisses alentour qui, exaspérés, actionnèrent en justice mais sans succès. La contrepartie à cette concession, pour François Delporte, décédé l’année suivante, et ses fils, était l’entretien à leurs frais, pendant vingt ans, d’un troupeau composé de mille moutons et quatre-vingts béliers suivant « le régime et la manière angloise ». Les rapports des premières inspections soulignent bien des difficultés qui, au fil du temps, s’aplanissent. Bientôt les éloges dithyrambiques ne se comptent plus. Le baron de Courset lui-même, savant botaniste boulonnais, vante, dans une communication à la Société d’agriculture de Paris, cet établissement qu’il connaît bien. Et Jean-Marie Roland de La Platière, à son tour, inspecteur des manufactures à l’intendance de Picardie, cheville ouvrière de l’attribution de la concession, se manifeste de nouveau. Il rédige pour la célèbre encyclopédie méthodique de Panckoucke, un long article, de huit pages avec planche, sur les bergeries de la ferme de Conteval représentées en plan et en coupe.
C’est à cette époque que les frères Delporte entreprennent la construction de Conteval, symbole de leur réussite. Inspirée de l’architecture d’outre-Manche, cette demeure, double en profondeur, élevée entre 1785 et 1789, est munie de cours anglaises, cas unique, me semble-t-il, dans le Boulonnais rural. Même si des travaux sont entrepris au début du XIXe siècle, ils ne changent pas fondamentalement l’élévation des façades et la distribution de la maison, proches de descriptions datées de 1826 et 1833 : « construction, brique et pierre, recouverte de mortier, décorée de pilastres et pierre de taille sur les angles et couverte d’ardoises ». Rien, aujourd’hui, n’est à retrancher.
Quant au site d’édification, il n’est pas choisi au hasard par les propriétaires. Ils se sont conformés aux règles du XVIIIe siècle relatives aux « jardins de propreté » accompagnant ordinairement les maisons de plaisance : une bonne terre, de l’eau raisonnablement et, critère indispensable, une belle vue... À n’en pas douter, les frères Delporte conçoivent cet écrin sous la dictée magistrale du baron de Courset. Un féerique décor végétal est imaginé par l’intelligence du jardinier et influencé par la mode du temps, certes, mais est aussi inspiré, guidé, par le saisissant relief du terrain et la diversité des sols qui le couvre. Mais tandis que les moutons broutent l’herbe du Fond-de-Pernes, l’histoire suit son cours, avançant même à grands pas. La Révolution est proche. Avant même qu’elle n’éclate, la rédaction des cahiers de doléances donne l’occasion aux villageois des environs de vider leur rancœur. « Les habitants de la paroisse demandent à être écoutés au sujet de la concession du fonds de Pernes que les sieurs Delporte ont surpris au Conseil […] Les sieurs Delporte se sont emparés en sus de plusieurs arpents de la même forêts pour joindre à deux maisons qu’ils ont dans la paroisse ». Les Delporte ne passent pas inaperçus, non plus, dans les cahiers de l’assemblée générale des députés des trois états du Boulonnais. Mais ils répliquent à toutes les attaques par une argumentation étayée. Ils seront maintenus dans la possession du Fond-de-Pernes. On se souviendra néanmoins, qu’en 1792, leur ami Roland de La Platière, appui de toujours, est ministre de l’Intérieur et ce jusqu’à sa fin tragique au cours de la terrible année 1793. À ces heures les plus sombres de la Terreur, les frères Delporte sont emprisonnés comme ex-nobles mais échappent à la guillotine. Libérés le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), à la chute de Robespierre, ils repartent de plus belle dans la vie. À partir de 1796, François Delporte, l’un des frères, jette même, avec d’autres notables – notamment Courset –, les bases de la Société d’agriculture et des arts de Boulogne et, en 1805, mieux encore, alors que Napoléon monte sur le trône impérial, François Delporte s’assoit dans le fauteuil majoral de Boulogne. Restés longtemps dans l’indivision, les frères Delporte se décident enfin, en 1813, à partager les biens hérités de leurs parents. Le château de Conteval revient à Claude-Marie-François Delporte de Conteval, vivant de son bien à Paris, ancien capitaine de cavalerie. Depuis de nombreuses années déjà, il avait, en effet, donné à cette propriété, le nom de Conteval, fief en l’air qu’il avait acquis sur la paroisse de Samer et fait atterrir à La Capelle. Lorsqu’il meurt sans enfant, cinq ans plus tard, sa nièce, Mme de Courson, née Alexandrine Delporte, fille du maire de Boulogne décédé peu après, hérite du château et de la ferme. M. de Courson poursuit quelque temps l’œuvre de son beau-père et de ses oncles. Mais installés en Bretagne, les Courson finissent par vendre Conteval dans les années 1830. La belle aventure des moutons prend fin. Le domaine, change alors souvent de mains et le beau parc, après quelques regains, sombre dans le fouillis végétal. Mais, par bonheur, les jardins ont de la mémoire…
Deux potagers réguliers enchassés dans un parc boisé d'inspiration naturaliste, chère aux agronome du temps de LOUIS XVI.
Fort relief partant du point culminant occupé par la maison de campagne, percées et perspectives ouvertes sur le lointain.
Tourbière, sources et cressonnières, collection des 3600 plantes indigénes et exotiques présentes au XVIIIeme siecle, en cours de réimplantation.
Depuis 2005, plus de 1800 espèces differentes ont été réintroduites.
Type : dit à l'Anglaise, Arboretum, Botanique, Potager
Eléments remarquables : Fontaine, Cours d'eau
Arbres remarquables : Drève alternée de Chênes et de Hêtres bicentenaires
Arbres d'alignement: Hêtres, Marronniers , Tilleuls, Ifs,Mélèzes, Tulipiers, Caltalpas, Chênes rouges d' Amérique, ...
Arbres fruitiers : Poiriers en nombre, Pommiers locaux anciens,Figuiers, Abricotiers, Muriers, Palqueminiers, Asinilias, et autres especes en cours d'installation...
Arbustes : Caducs et Persistants en grande quantité;
De nombreuses espèces de Viornes, Rhododendrons, Camélias,
Crinodendrons du Chili, Hydrengéas, Cornus, Houx ..
Plantes vivaces : Fonds de sous bois naturellement envahis, au printemps, par les Jacinthes sauvages.
Fleurs annuelles et bisannuelles, digitales en nombre. Gunéras Manicatas, Lysichitons, ....
Les poules "monstrueuses" , traversant les haies
De nombreux Tritons, Salamandres et autres Batraciens peuplent également la source et les alentours de la tourbière du parc.
Le Paon ... à la découverte de la roseraie du petit potager. Les petites poules rèderies, galopant dans le parc Autres rubiques a ajouter ( attente de photos ) :
La Sittelle torchepot se nourrit surtout d'insectes, notamment de chenilles et de coléoptères. En automne et en hiver, elle complète son régime alimentaire de fruits à coques et de graines, et notamment de noisettes et de faînes.
Depuis dix ans maintenant, l’Association des amis des chateau, parc et jardins de Conteval, aussi déterminée que les Delporte, œuvre à recréer et à entretenir, autour de la maison, un parc et des jardins botaniques dont les plantations sont en lien avec le catalogue des végétaux indigènes et exotiques établi par le baron de Courset lui-même. Les parc et jardins, désormais reconnus, sont parmi les plus beaux de la région.
Outre la restauration et l’entretien du parc et des jardins, l’Association permet aux membres de découvrir lors de sorties conviviales d’autres jardins botaniques, de lieux patrimoniaux où archéologie et horticulture sont étroitement mêlées.
Le bilan annuel est présenté à la Saint Fiacre par les membres du Bureau : événements (rallye à but caritatif, concours d’élagage… rencontres, animations culturelles , artistiques ), rendez-vous ou visites de groupes, projets en cours, ou à venir, achats de plantes et plantations de nouveaux sujets …
Il est possible d’apporter une aide ponctuelle ou régulière en adhérant à l’Association.
La cotisation annuelle est de 15 €.
Le montant de la cotisation et le droit d’entrée, lors des visites guidées, participent aux actions de l’Asso.
pour cela, contactez Sébastien Hoyer, par email: granvalconteval@gmail.com